Le bois de hêtre est un bois dérivé des arbres du genre Fagus, de
la famille des Fagaceae originaire d’Europe centrale. C’est un bois dur,
homogène, qui se polit très bien mais manque de souplesse. Le bois de Hêtre se
prête à tous les travaux de la menuiserie courante (fabrication des lames de
parquet, des avirons, des bordages de bateaux, des établis, des jouets, des
ustansiles de cuisine, des manches de pinceaux, etc). Il ne saurait être
utilisé en charpente car il est très peu résistant à la flexion.
Les origines du Hêtre
Le nom
latin du hêtre, fāgus, a donné dans les langues romanes : fou
en ancien français, faggio en italien, haya en espagnol, etc. Les
Germains ont utilisé des bâtonnets en bois de hêtre pour écrire les runes, d’où
l’all. Buchstabe « lettre », mot-à-mot « bâton de
hêtre », et Buch « livre », même apparenté entre l’angl. beech
« hêtre » et book « livre », le néerl. beuk
« hêtre » et boek « livre ».
Parmi tempérée, le hêtre commun se reconnaît facilement à son
écorce mince et lisse qui persiste ainsi tout au long de la vie de l’arbre. La
surface du tronc est régulière, contrairement au Charme (Carpinus betulus)
dont l’écorce est également lisse mais la surface cannelée. Elle devient
légèrement rugueuse (présence de petites fissures) chez les vieux sujets. Très
exceptionnellement, certains individus décrits comme Fagus sylvatica f.
quercoides peuvent développer une écorce crevassée -un rhytidome- dont la
survenue semble d’origine traumatique car non génétiquement transmissible.
L’écorce
est normalement de couleur gris noirâtre, mais elle apparaît souvent recouverte
d’une fine croûte de lichens qui donnent au tronc une teinte gris argenté
caractéristique. Sous climat humide, la végétation épiphyte du tronc et des
branches peut être plus exubérante, et se composer de lichens fruticuleux ou
foliacés, de mousses, de petites fougères… Dans certaines régions, ou sous
l’effet de la pollution atmosphérique, les lichens peuvent au contraire être
remplacés par une pellicule verte d’algues microscopiques
Le
hêtre commun est une espèce monoïque : un même arbre porte les deux sexes
sur des fleurs différentes. La floraison intervient en avril ou mai, juste
après la feuillaison : les bourgeons floraux, plus larges (4 à 5 mm)
que les bourgeons végétatifs dont ils sont issus par induction florale,
évoluent en fleurs lorsque le hêtre est âgé de 40 à 50 ans en milieu ouvert, 60
à 80 ans en peuplement dense. Les fleurs mâles, à huit étamines chacune, sont
disposées (en moyenne 15 par inflorescence) en chatons globuleux (ces chatons
d’abord jaunes puis bruns sont constitués d’épis de cymes triflores) à
l’extrémité d’un long pédoncule pendant de 2 cm sur un jeune rameau ;
les fleurs femelles vertes, situées dans les aisselles foliaires des rameaux de
l’année (près de la zone apicale), sont réunies par deux, plus rarement trois
ou quatre, dans une enveloppe florale, un involucre hérissé de pointes molles,
au bout d’un pédoncule pubescent court et dressé. Fleurs mâles et femelles sont
dépourvues de pétales, les sépales fusionnés forment des écailles qui forment 4
à 6 lobes sur les périanthes mâles, 6 lobes sur les périanthes femelles.
Les
faînes sont les fruits du hêtre. Elles ont la forme d’un tétraèdre à base
bombée, de couleur brune, à surface vernissée ; elles ressemblent à de
minuscules châtaignes triangulaires. Chaque faîne contient en général une seule
graine, sans albumen, dont les cotylédons pliés en accordéon servent de tissu
de réserve nourricière pour la future plantule.
Elles
sont enfermées par deux, parfois trois ou quatre, dans une cupule ligneuse
hérissée d’épines recourbées molles, issue de la condensation de l’involucre
floral. Celle-ci, qu’autrefois certains appelaient « brou », s’ouvre
par quatre fentes, parfois trois, pour former autant de valves.
Les
faînes sont des fruits secs riches en lipides et glucides. Elles sont
comestibles, mais les tanins les rendent légèrement astringentes et toxiques
pour l’homme si elles sont consommées en quantité. Elles sont très appréciées
des rongeurs (écureuils, mulots, loir, muscardin, campagnols…), des blaireaux,
des sangliers et des oiseaux (pigeons ramiers, pinsons, pics…) qui participent
à leur dissémination (dyszoochorie) lorsqu’elles sont tombées au sol
Peu
difficile quant à la nature du sol, le hêtre affectionne des terrains calcaires
ou légèrement acides. Il peut s’accommoder de sols superficiels. Ainsi, le
trouve-t-on plus volontiers à flanc de coteau qu’au fond d’une cuvette
argileuse.
Il
résiste bien aux froids rigoureux en hiver, mais il est très sensible aux
gelées de printemps.
En
France, le hêtre est représenté, plus ou moins abondamment, sur l’ensemble du
territoire métropolitain, sauf dans la plaine du Bassin aquitain et dans les
plaines et collines des zones méditerranéennes. Les plus belles hêtraies de
plaine sont celles des forêts domaniales de Picardie et de
Haute-Normandie : forêts de Crécy ou de Compiègne, forêts d’Eu, de Lyons
ou d’Eawy. Le hêtre est aussi une essence commune des collines de Lorraine, de
Bourgogne et de Franche-Comté. Près de Nancy se trouve ainsi la vaste forêt de
Haye à couvert de hêtre majoritaire. Dans toutes les montagnes françaises, le
hêtre est présent et partage l’espace forestier avec les essences
résineuses : épicéa, sapin ou pins. En région méditerranéenne, on ne
trouve le hêtre qu’en altitude dans l’arrière-pays, où il peut former des
peuplements relictuels comme en forêt de la Sainte-Baume.
Le hêtre
constitue aussi un marqueur important du paysage rural traditionnel du pays de
Caux en Haute-Normandie où les clos masures étaient entourés, pour 50 %
d’entre eux environ, de hêtres.
Consommation des faînes
Les
faînes peuvent être consommées grillées, à la manière des châtaignes.
Les
faînes servaient autrefois, comme les glands, à nourrir les porcs que l’on
menait à cet effet en forêt. En période de disette, elles étaient consommées
par les humains comme aliment d’appoint. On pouvait les faire bouillir comme
des châtaignes ou les broyer pour en faire un beurre aux propriétés vermifuges
ou parasiticides. Les graines, après avoir été mises à macérer dans l’eau pour
en évacuer les tanins, pouvaient être également moulues en farine. Aujourd’hui,
on utilise plutôt des faînes grillées comme amuse-gueule apéritifs ou
garnitures de salades.
Les
faînes sont réputées légèrement toxiques si elles sont consommées en grande
quantité, en raison de la présence d’une substance que l’on a nommée «fagine».
Absorbée en excès, celle-ci peut effectivement provoquer des troubles
intestinaux, crampes ou diarrhées, ou des nausées. Il se trouve cependant que
la fagine est en fait de la choline, une molécule indispensable au bon
fonctionnement du système nerveux dont la carence est gravement néfaste, qui
sert à prévenir ou à soigner certaines affections neurologiques comme les
maladies de Tourette ou d’Alzheimer. L’agronome A. Fleury de la Roche en
déconseille l’usage en raison de leur relative toxicité. Il en indique
néanmoins l’usage alimentaire pour la production de l’huile réputée comestible.
Cette huile est également propre à l’éclairage. Les tourteaux résiduels de la
fabrication de l’huile sont utilisés pour l’alimentation des animaux de
basse-cour mais toxiques pour les chevaux.
Les
faînes contiennent 40 % de matières grasses. Elles étaient également
pressées pour obtenir une huile comestible, a priori exempte de fagine et ne
rancissant pas facilement. Cette huile pouvait être aussi utilisée pour
l’éclairage. L’huile de faine contient de la tripalmitine et de la tristéarine
mais elle est composée principalement de trioléine.